Selon les beaux esprits, qui pullulent en France, il est inutile de défendre la langue française : son évolution est inéluctable et il s’agit d’un combat d’arrière-garde.
Ces braves gens ont raison. Le français évolue à toute vitesse : on “ supporte ” une équipe qui promet de perdre un match regardé dans toute l’Europe et au-delà ; on fait des “ deals ” avec toutes sortes de marchands ; on travaille “ sur ” Paris aussi bien que “ sur ” Düsseldorf.
Les victoires sont si nombreuses qu’on ne parvient plus à les compter. Chaque jour nous apporte son lot de réjouissances : le nombre d’enfants de 10 ans qui ne savent ni lire ni écrire augmente chaque année ; le français, langue officielle de toutes les grandes organisations internationales, est de moins en moins utilisé par les Français dans ces institutions et même en France. Nous sommes au paradis de la modernité : il suffit d’aligner des mots, en y casant le plus souvent possible un vocable anglo-américain pour briller au bureau comme à la ville.
Pourtant, quelques empêcheurs de jargonner en rond viennent troubler cette béatitude. Ils osent rappeler qu’une langue est le reflet d’une civilisation, que la grammaire structure la pensée et que la beauté du monde tient à sa diversité.
Outre les petits soldats de Défense de la langue française qui, depuis cinquante ans, tentent de secouer l’opinion, cet ouvrage réunit quatre-vingts combattants. Académiciens, parlementaires, entrepreneurs, avocats, comédiens, journalistes, professeurs…, étrangers ou français, tous savent que la langue française, sans doute autant que la cuisine, mériterait d’être inscrite au patrimoine mondial de l’humanité.
Guillemette Mouren-Verret, secrétaire générale de DLF.