L’œuvre romanesque de Jean-Pierre Martinet (1944-1993) a initialement paru dans les années 1970 et 1980. Ses livres n’eurent alors que peu d’écho et, par conséquent, hélas, que peu de lecteurs. Depuis 2006, grâce à des éditeurs convaincus de l’importance de cet écrivain (L’Arbre vengeur, Le Dilettante, Finitude, La Table ronde), l’ensemble des romans et nouvelles de Martinet est peu à peu réédité. Avec plus de succès : le pessimisme et la noirceur de ses textes n’ont pas semblé, cette fois, devoir les assigner à l’indifférence, et beaucoup ont salué la virtuosité de son style, l’ampleur de sa vision, sa force d’impact.
Mais Jean-Pierre Martinet n’était pas seulement romancier. Lui-même grand lecteur, il était aussi un critique averti. Ce que sa participation au journal culturel mensuel Matulu (1971-1985), fondé par Michel Mourlet et dont il fut un temps le directeur de la publication, ne manque pas d’établir. Ce sont les fruits de cette collaboration que nous réunissons aujourd’hui dans ce recueil, lequel comprend des entretiens (avec Jünger, Caillois, Roud), des textes critiques (à propos de Bernanos, Jaccottet, Dickinson, Rilke, Valéry) et des comptes rendus de lecture (sur Michaux, Mann, Green, Capote, Pavese, Nabokov, O’Connor, Mac Cullers…). Il nous a paru naturel d’y ajouter sa passionnante étude sur Thomas Hardy, auteur que Martinet affectionnait, initialement publiée dans Hors Commerce (Alfred Eibel éditeur) en 1974 et qui, depuis lors, demeurait introuvable.